Hello chers lecteurs, aujourd'hui je vous parle d'un rêve qui débute par l'abolition du Patriarcat. Ah, le patriarcat ! Ce truc qui semble s’incruster dans chaque recoin de notre quotidien, même quand on ne le voit pas. Quand je bossais avec mon associé (un homme, évidemment), j'ai vite remarqué un schéma récurrent. À chaque réunion, à chaque rencontre, on s’adressait d'abord à lui. On supposait automatiquement que j’étais l’assistante, la secrétaire, la “femme derrière l’homme”. Lui, c’était forcément le boss, et moi, la petite main qui prenait des notes en silence. Mais attends, ce n’était pas toujours par malveillance, ni même conscient. Non, c’était là, dans l’inconscient collectif, comme un vieux disque rayé qui continue de tourner.
À force de vivre ça, j'ai eu une révélation (ou plutôt une claque de lucidité) : il nous faudra deux générations pour faire du patriarcat une légende. Pas moins. Deux générations où on élèverait les garçons exactement comme on élève les filles. Imagine un peu le choc : “Mon fils, ne rêve pas trop grand, les postes à responsabilité, c’est pour les femmes. Concentre-toi sur des métiers physiques où tu pourras utiliser ta force innée. Parce que, tu sais, les femmes sont tellement plus douées pour les trucs cérébraux…”
Imagine un monde où, dès le berceau, on dit aux garçons de ne pas se montrer trop ambitieux, où on leur explique que les postes d’influence sont réservés aux femmes, qui gèrent ça bien mieux grâce à leur intelligence supérieure. Les exceptions ? Oui, elles existent, bien sûr, mais la route sera difficile, mon petit. Peut-être qu’un ou deux hommes briseront le plafond de verre, mais les statistiques ne seront pas de leur côté.
Et là, tu vois les réactions horrifiées : “Mais ce n’est pas juste !” Ben oui, c’est injuste. Mais c’est notre réalité depuis des siècles, alors pourquoi ça leur semblerait bizarre à eux ? Tu as vu le dernier film La Planète des Singes ? On y voit un monde où les humains ne croient plus que la Terre était autrefois gouvernée par des hommes. Ils trouvent ça absurde, limite mythologique. Eh bien, imagine qu’un jour, dans deux générations, le patriarcat devienne une simple légende. Les enfants ne croiront même plus leurs grands-parents quand ils leur raconteront que, jadis, les hommes dominaient le monde. Ils riront, pensant que c’est une histoire inventée pour effrayer. Comme les histoires de femmes chevaliers, de guerrières Vikings, les Amazones, les Valkyries... Ou encore les récits des grandes reines africaines comme Amina de Zaria ou Hatchepsout en Égypte, qui ont été effacées des récits officiels. Sans parler des cultures matriarcales d’Asie et des Amériques, dont les traces ont été volontairement minimisées dans les livres d’histoire. Des civilisations entières, des sociétés où les femmes jouaient un rôle central, ont été effacées ou marginalisées, et sont aujourd’hui perçues comme des mythes plutôt que des faits historiques.
Pour en revenir à mon histoire d’associé, on peut dire que ce n'était pas du machisme délibéré, mais plutôt le fruit d’un conditionnement enraciné. On ne voit pas ces stéréotypes, on ne les questionne même plus. Comme quand tu marches avec des chaussures trop petites, mais tu t’y es tellement habituée que tu as arrêté de sentir la douleur. Tu avances, tu bosses, tu vis avec, jusqu’au jour où quelqu’un te propose une paire de chaussures à ta taille et tu réalises à quel point tu étais limitée. Eh bien, l’inconscient collectif, c’est un peu ça.
Et nous voilà, femmes entrepreneures, à devoir constamment rappeler que nous ne sommes ni des assistantes ni des subalternes. On est les cheffes d’orchestre. Mais changer ces perceptions, c’est comme vouloir défaire un nœud marin avec les doigts gelés. Tu t’y prends patiemment, ça te demande un effort constant, mais un jour, le nœud finit par céder.
Alors, oui, j’en rêve. J’en rêve de ce monde où nos petits-fils liront dans leurs manuels d’histoire que le patriarcat a été aboli. Que tout le monde aura enfin compris que les stéréotypes, c’est pour les faibles d’esprit. Un jour, peut-être que nos luttes ne seront plus que des anecdotes, des mythes dont on se moquera : “Tu te rends compte ? À l’époque, on pensait que les hommes devaient être les chefs, et les femmes les exécutantes ? Haha, quelle blague !”
Alors, non, je ne rêve pas d’un monde où les rôles seraient simplement inversés, avec des femmes en position de pouvoir et les hommes relégués au second plan. Ce n’est pas ça l’objectif. Ce que j’imagine, c’est un monde d’égalité réelle, où chacun, indépendamment de son sexe, de ses origines, ou de ses croyances, aurait la même opportunité de se construire librement. Un monde où nous ne serions plus prisonniers des stéréotypes, où chacun pourrait devenir ce qu’il veut sans limitation. C’est un rêve, oui. "I have a dream," disait Martin Luther King. Mais après tout, est-ce que tout grand changement ne commence pas par un rêve ?
Mais en attendant, on se bat. On prend la parole, on reprend notre place, et surtout, on n’accepte plus qu’on nous relègue à un second rôle, que ce soit dans une réunion ou dans la vie. Alors, la prochaine fois que tu sens cette dynamique se jouer sous tes yeux, prends une grande respiration et rappelle à tout le monde : “Non, je ne suis pas l’assistante. Je suis la boss, merci bien.”
J’espère que cette seconde “Chroniques d'une Patronne” t’a plu, et je t’en écrirai bientôt une autre. Moi, c’est Caro, patronne depuis bientôt 20 ans. J’en avais marre de mon blog classique prout-prout, je voulais faire entendre MA voix. Elle était en sommeil depuis trop longtemps, et si elle t’inspire, mon pari est gagné.
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